Toulouse, la ville rose et capitale de l’Occitanie, dispose d’un patrimoine architectural inégalé. Riche de deux millénaires d’histoire, elle offre de nombreux sites à visiter comme l’ancien théâtre gallo-romain, le Capitole, ou encore la cité de l’espace qui s’inscrit dans l’histoire récente de la ville. L’arrivée des musulmans dans les Midi-Pyrénées à partir des années 1960 a enrichi le patrimoine culturel de la ville en l’ornant d’une grande mosquée, la plus grande d’Occitanie. Focus sur la grande mosquée de Toulouse.

L’ABOUTISSEMENT DE QUINZE ANS D’EFFORTS

 

C’est en 2001 que la communauté musulmane toulousaine, par l’intermédiaire de l’association Cercle du Dialogue Civilisationnel s’engagea dans de longues démarches. Cette année-là, l’association déposa auprès des autorités un dossier dans lequel était détaillé le projet de la Grande Mosquée de Toulouse. Initialement, le projet devait voir le jour sur les hauteurs de la ville, à Pech David, sur un terrain de 4 725 m² acquis par l’association. Cependant, les autorités municipales se montrèrent réticentes, non pas contre l’idée d’une grande mosquée, mais pour des questions de praticité. En effet, le terrain ne répondait pas aux exigences pour des raisons de places de parking. Après plusieurs longs mois de tractation, l’association et la municipalité de Toulouse se mirent d’accord pour que la construction de l’édifice se fasse dans le quartier de l’Empalot, au croisement de la rue des Mouettes et de la rue Jean Lebas. C’est ainsi que l’association obtint son permis de construire le 8 novembre 2004.

Quelques mois tard a lieu la cérémonie de la pose de la première pierre, le 28 avril 2005, devant un parterre de personnalités, dont le maire de Toulouse, le ministre algérien des affaires religieuses et le recteur de la mosquée de Paris. L’association du Cercle du Dialogue Civilisationnel eut alors la lourde tâche de récolter les 5,4 millions d’euros initialement prévus pour le projet. Pour ce faire, l’association organisa deux récoltes par an, à l’occasion de la 27ème nuit du ramadan ainsi que pour la célébration de la naissance du Prophète, en plus de celle des jours de fête. Les sommes collectées auprès des fidèles de 2004 à 2017 cumulées au gain résultant de la vente d’un premier terrain permet ainsi de à l’association de réaliser les travaux. Un coup de pouce financier est accordé par les ministères des Affaires religieuses d’Algérie et du Koweït, qui contribuent à hauteur de 6% du projet qui coûta 6 millions d’euros.

Dans un souci de citoyenneté, le Cercle du Dialogue Civilisationnel a édifié la Grande Mosquée de Toulouse afin d’en faire un espace de purification, de savoir, d’ouverture et de tolérance, et s’est engagée à sauvegarder sa neutralité de tout courant politique ou intellectuel qui pourrait anéantir la communauté, ou la pousser dans des tunnels de mépris ou de marginalisation.

UN EDIFICE MAJESTUEUX

 

L’association porteuse du projet, fondée en 1989, est parvenue à transformer le rêve des centaines de toulousains qui priaient chaque semaine dehors faute de place dans l’ancien local trop exigu, en réalité. Dans la nouvelle mosquée d’Empalot, désormais Grande Mosquée de Toulouse, jusqu’à 2 000 fidèles peuvent venir prier dans des conditions dignes.

Construit sur trois niveaux sur un terrain de 1 304 m², la mosquée dispose d’une superficie totale de 2 111 m², d’une mezzanine aménagée pour la gente féminine, ainsi qu’un espace de vie au troisième étage où l’on retrouve une bibliothèque et des bureaux pour les activités sociales.

L’architecte de l’édifice, M. Christian Barthe, a su marier les traditions architecturales propres au monde musulman au particularisme de l’architecture toulousaine. Pour commencer, la mosquée est habillée d’une peinture rose ocre, la teinte par excellente des anciennes constructions toulousaines et qui lui confèrent le statut de « ville rose ». Le style architectural peut être qualifié de néo-mauresque, puisqu’il reprend des éléments architecturaux typiquement maghrébins auxquels ont été adjoints des éléments d’art andalous : un minaret de forme rectangulaire qui n’est pas sans rappeler les minarets almohades de Marrakech, les calligraphies intérieures de style koufique, prépondérantes durant la période d’al-andalus, les arcatures polychromes qui rappellent la grande mosquée de Cordoue, ou encore les fontaines d’ablution en forme d’étoile octogonale et recouvertes de zellige, pur produit de l’art berbère islamique, sont autant d’éléments raffinés directement inspirés de l’architecture islamique et  qui donnent une touche particulière au bâtiment. D’autres éléments comme le travail de la menuiserie ou la plâtrerie rappellent cet héritage architectural, lequel s’est parfaitement marié à la modernité de l’édifice qui est surplombé par une coupole dorée qui le fait resplendir.

Les calligraphies occupent une place importante de l’édifice. A l’intérieur du bâtiment, ce sont les noms d’Allah qui sont calligraphiés tout autour de l’enceinte. A l’entrée, ce sont des calligraphies qui vous accueillent. Enfin, le minaret laisse apparaître le nom de l’association en arabe, calligraphié en forme de croissant de lune.

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