Parmi les joyaux de l’architecture islamique en France, il en est un qui, une fois achevé, influencera et surpassera tous les autres, tant par sa prestance, que sa symbolique. Une mosquée de Strasbourg : focus sur le projet de la Grande Mosquée Eyyub Sultan de Strasbourg, en plein cœur de la  capitale alsacienne.

  

Le dynamisme de la communauté turque en Alsace

 

Les Turcs sont arrivés en France pour participer à la croissance économique de celle-ci à partir du milieu des années 1960. A cette époque, faute de lieu de cultes, les fidèles étaient contraints de se regrouper dans des garages insalubres. Aussi, dès le début des 1970, des démarches sont entreprises pour l’ouverture d’une mosquée. C’est ainsi qu’en 1974, une association turque est créée à Strasbourg, l’Association Islamique et Culturelle Turque.

L’année suivante, la municipalité met à sa disposition un local d’environ 200 m² en plein cœur du centre-ville, à deux pas de l’Université dans le quartier de la Krutenau. En 1976, un bail emphytéotique est signé entre  l’association turque et le maire de Strasbourg, M. Pierre Pflimlin : la mosquée Fatih est née. Le maire, qui avait de très bonnes relations avec les musulmans, déclara même en 1979 « la mosquée Fatih est à vous jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un musulman Turc ». Aussi appelée « mosquée de Galia », « mosquée de l’Esplanade » ou encore « mosquée de l’Université », cette mosquée, par ailleurs la première à Strasbourg, existe encore.

Celle-ci devient vite exigüe, et dès le début des années 1990 chaque vendredi des centaines de fidèles sont contraints de prier dehors, faute de place. La communauté décide alors de voir les choses en grand. En 1996, après plusieurs mois passés à récolter des dons, elle investit dans l’achat d’une ancienne usine qui s’étend sur 10 500 m² située dans la plaine des Bouchers,  quartier de la Meinau. A cette époque, la mosquée qui est nommée Eyyub Sultan, en hommage au compagnon du Prophète qui fut le premier à l’accueillir lors de son hégire à Médine, est la plus grande d’Europe.

La communauté turque locale a su transformer les anciens hangars désaffectés en un centre cultuel et culturel où se mêlaient un restaurant, un salon de thé, une épicerie, une librairie, un espace éducatif, une salle de mariage, un terrain de football en salle, et bien entendu la mosquée, qui occupait l’essentiel de l’espace et capable d’accueillir chaque semaine plus de 3 000 fidèles, 5 000 les jours de fête.

Un külliye d’inspiration ottomane en plein cœur de l’Europe

 

Si la mosquée Eyyub Sultan était devenue un véritable centre culturel, c’est que dans l’esprit de la communauté musulmane, une mosquée n’est pas un simple lieu de prière, mais le centre des activités de toute la communauté. Ainsi, l’Association Cultuelle de la Mosquée Eyyub Sultan, porteuse du projet, ne voulait pas seulement faire un mescit, littéralement lieu de prosternation, mais un véritable cami, c’est un dire le lieu où l’on se réunit.

Au fur et à mesure que les années passèrent, les activités augmentèrent autour de la mosquée : clubs sportifs, salle de musculation, fanfare ottomane, festivals, etc. Au milieu des années 2000, l’équipe dirigeante avait développé les activités éducatives au point d’envisager la construction d’un établissement scolaire. En 2011, les dirigeants commencèrent à discuter avec les autorités municipales sur la possibilité de construire une Grande Mosquée en lieu et place des anciens hangars réaménagés. A partir de l’année 2014, les activités éducatives ayant donné naissance au Collège Privé Eyyub Sultan, le projet de réaménagement prit une autre tournure. Il ne fut plus question de reconstruire un centre culturel et cultuel sur un autre, de remplacer le cami par un autre, mais de construire un complexe unique en son genre, qui reprendrait tant dans le fond que dans la forme les complexes islamiques de l’ère ottomane, les fameuses külliye encore visibles de nos jours en Turquie. Dans ces complexes, il n’est plus question de déléguer certaines salles à certaines activités, mais de leur dédier des bâtiments séparés.

Pour ce faire, l’association fit l’acquisition entre 2013 et 2015 de locaux avoisinant la mosquée, pour une surface totale de 5 500 m², lui conférant une surface totale de plus de 15 000 m². C’est sur cette surface que le premier külliye d’inspiration ottomane de France allait être édifié.

Un joyau architectural

Pour la réalisation de cet édifice, l’association de la Grande Mosquée Eyyub Sultan a choisi un architecte spécialisé dans les différents styles d’architectures islamiques. Strasbourg étant une des capitales de l’Europe, siège des institutions européennes, principale ville d’Alsace et du Grand Est, il fallait choisir un architecte capable de proposer un projet grandiose, équivalent dans la symbolique à celui de la Cathédrale de Strasbourg ou de la Grande Synagogue de la Paix.

Aussi, le choix de l’association se porta sur Müharrem Hilmi Senalp, diplômé de l’Université Technique d’Istanbul, spécialiste de l’histoire architecturale et la restauration, reconnu pour ses travaux mettant en avant le style classique ottoman et mettant en avant les arts traditionnels islamiques. C’est à lui que l’on doit la Grande Mosquée de Tokyo, la mosquée de la Faculté Théologique de Marmara, la Grande mosquée de Berlin, le Centre Islamique de Washington et la restauration de la mosquée Eyup Sultan d’Istanbul, entre autres.

L’histoire raconte que l’architecte avant d’entamer le moindre coup de crayon se promena dans les rues de Strasbourg pendant plusieurs jours, afin d’en apprécier les spécificités architecturales locales et de concevoir en conséquence un complexe en adéquation avec le cadre alsacien. Les plans qu’il conçut ne laissèrent personne indifférent.

Hilmi Senalp proposa une mosquée digne de celles que l’on retrouve dans l’Istanbul d’aujourd’hui, avec une coupole atteignant 29 mètres de haut pour 18 mètres de diamètre, laquelle est soutenu par quatre immenses colonnes dites en « pied d’éléphants » et par 27 coupoles secondaires. L’édifice sera maintenu par deux minarets de 36 mètres de haut chacun. Conformément aux préceptes de l’architecture sinanienne, du nom de Mimar Sinan à qui l’on doit l’architecture classique ottomane, les dimensions de l’édifice répondent à un impératif de proportionnalités et à des calculs minutieux. Des bâtiments annexes allient colombages alsaciens et architecture anatolienne. On y trouvera un salon de thé, un restaurant, une galerie commerciale, des logements étudiants, des salles de conférences, des locaux pour la jeunesse, un centre de recherche et de documentation, une école de formation d’imams, un groupe scolaire, et bien plus encore. Une fois achevé, la Grande Mosquée Eyyub Sultan sera le plus grand complexe islamique d’Europe continentale avec ses 16 500 m², elle aura également les plus hauts minarets de France qui culmineront à 36 mètres de haut, et son dôme en fera un monument remarquable.

Le permis de construire étant validé de façon définitive en 2015, la première pierre fut posée le 15 octobre 2017, le temps de déménager les activités existantes dans les 5 500 m² nouvellement acquis et de détruire l’ancienne mosquée. A l’heure où ces lignes sont rédigées, les travaux de gros œuvre sont encore en cours, mais les minarets pointent déjà vers le ciel.

Un ensemble architectural soutenu par assurancemosquee.fr et qui devrait voir le jour entre 2020 et 2021.

 

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